L’hiver est bien là et les cascades de glace se forment. Je passe un coup de fil à Thomas Arfi pour avoir des infos sur les conditions de cascade. Mais le planning ne se passe pas tout à fait comme prévu et l’embuscade se referme sur moi. Thomas est lui aussi tout excité à l’appel de la glace et des superbes conditions du moment. Il me propose d’aller dans la vallée de Freissinières, à Gramusat précisément, là où tout se passe en ce moment. Nous partons de Nice à 6h du matin. En route vers notre objectif, on se fait doubler par Ben Guigonnet qui fait chauffer la gomme dans les virages accompagné de Jacques (son client). Lui aussi est guronsé comme jamais ! On décide de covoiturer tous ensemble.
Central Scrutinizer 300m/6
Dès l’arrivée au parking on se rend compte de la frénésie ambiante. Il y a du monde partout. Nous arrivons au pied de la cascade à 11h30, les cordées sont déjà bien engagées dans la voie. La raideur de la face et les relais astucieusement placés nous abritent des chutes de glace. Mon compagnon est déchainé, dans les longueurs dures, il court. La « reprise » est brutale pour moi, je me charge des longueurs plus « faciles », grade 5/5+. La cascade est majeure : cigares, murs raides, méduses, placages. La voie se déroule bien et on finit même avant la nuit, juste à l’heure pour l’apéro, ouf.
Juste une illusion 300m/6
Le lendemain on est sur place de bonne heure, mais cela n’aura pas suffit. Des conditions comme ça, il n’y en pas tous les jours et on dirait que tous les glaciéristes d’Europe se sont donné rendez-vous à Freissinières. La cascade de glace c’est génial mais avec deux ou trois cordées au dessus de la tête ça devient beaucoup moins rigolo. Le risque de se prendre un gros glaçon sur la tête augmente beaucoup l’engagement de cette pratique qui l’est déjà suffisamment. En arrivant au pied de la cascade, trois cordées sont en train de se préparer…on comprend vite que ça ne va pas le faire. Pas de problème, on bascule direct.
Plan B : Sous le soleil de Satan 300m/6/6c/A1
La montagne c’est un sport à condition, donc de préparation. L’apéro de la veille aura été bénéfique : tapenade, saucisson et bière régénératrice, tout bon sportif sait ça ! Mais c’est également la préparation de la journée du lendemain : le coup de fil à un ami, météo, topo, réseaux sociaux et surtout le plan B,C,…qui sont la clé d’une journée réussie.
On part donc « Sous le soleil de Satan », une ligne majestueuse de mixte où il faut rejoindre des gros Scuds plein gaz par du rocher « évolutif » (comprenez grimper dans du cailloux pourri puis de la glace pendue au bout d’un gros dévers à la solidité incertaine). Bizarrement on est tous seuls. Les points rajoutés la veille par Mathieu Détrie et Benjamin Védrines permettent de réduire l’engagement et de se faire plaisir. L’ambiance de la voie est exceptionnelle. La concentration est intense pendant la grimpe mais on exulte à chaque fin de longueur tellement la voie est incroyable. Tout se déroule à merveille et après quelques heures de grimpe hors du temps on rejoint le sommet pour le traditionnel selfie. Descente en 5 rappels puis retour à Nice, Covid, couvre feu…on était bien en montagne.
Pour plus d’info sur la face de Gramusat c’est ici que ça se passe : https://www.ecrinsprestige.com/posts/topo-de-la-face-nord-de-la-tete-de-gramusat